mercredi 4 septembre 2013

Mythe 4 : Les Boisvert d’Yamachiche, des Algonquins ?


Selon l’abbé Jean-Paul Létourneau, les Boisvert d’Yamachiche sont des Algonquins. Il prend avantage de la perte des registres anciens de Lotbinière pour élaborer cette théorie. Rappelons que les registres de St-Louis de Lotbinière ont été en partie détruits par les troupes britanniques lors de la guerre de la Conquête en 1759.



(Histoire des Peuples Amérindiens, Tribus Algonquins, Région Mauricie, Village Watmachis (Yamachiche), p. 41-42)

Parce que certains descendants d’Étienne Denevers dit Boisvert se sont engagés dans la traite des fourrures, et à cause de la perte d’une partie des registres de Lotbinière et Ste-Croix, terreau de la famille, l’abbé Létourneau en déduit à des origines amérindiennes.

Étienne Denevers dit Brantigny est originaire du hameau de Brantigny, près de Piney en Champagne (aujourd'hui dans le département de l'Aube). Il a épousé Anne Ayotte (Hayot) le 28 octobre 1652 à Québec.

(familysearch.org, registres paroissiaux catholiques, Notre-Dame de Québec, 1621-1679, image 146)

Il ne subsiste aucun acte ni de contrat de mariage entre Étienne Denevers et Jeanne Lemay, qui a eu lieu vers 1684 à Lotbinière. Pourtant, il existe des actes prouvant son ascendance, telle une une transaction de Léonard Debord, second époux de Anne Ayotte, et les enfants qu’elle a eu du premier mariage avec Étienne Denevers : Daniel, Ursule-Elisabeth (m. à Jacques Gauthier), Jean et Étienne (notaire Chambalon, 24 juin 1695, fonds Marcel-Trudel, transcription disponible à la SGCF).

Le mariage entre François Denevers et Madeleine Piché dit Dupré a été célébré à Cap-Santé ou Lotbinière. Seul le contrat de mariage, passé devant le notaire Dehorné-Laneuville le 9 mai 1722, subsiste (source : PRDH, banque de données notariale Parchemin et BANQ).

Le mariage de Marie Boisvert et Jean Garceau a été célébré le 7 février 1769 à Yamachiche.

(familysearch.org, registres paroissiaux catholiques, Yamachiche, 1728-1806, image 202)

La date suggérée par Létourneau pour le mariage de Jean Garceau et Marie Boisvert est en fait celle du baptême de leur fille, Elisabeth Garceau, le 12 octobre 1785.

(familysearch.org, registres paroissiaux catholiques, Yamachiche, 1728-1806, image 269)

Mariage de Toussaint Biron et Elisabeth Garceau, le 21 juillet 1806 :

(familysearch.org, registres paroissiaux catholiques, Yamachiche, 1728-1806, image 720)



(Histoire des Peuples Amérindiens, Tribus Algonquins, Région Mauricie, Village Watmachis (Yamachiche), p. 48-49)


Mariage Jean Boisvert et Thérèse Desnoyers, le 23 octobre 1730 à Cap-Santé :

(familysearch.org, registres paroissiaux catholiques, Cap-Santé, 1679-1789, image 378)

Joseph Naud et Marie-Joseph Garipéy se marient le 9 janvier 1771 à Deschambault.

(familysearch.org, registres paroissiaux catholiques, Deschambault, 1705-1782, image 298)

Pour ajouter à la confusion qu’il tente de créer, à la page 49, l’abbé Létourneau attribue une origine Algonquine à Marie-Joseph Garipéy, fille de François Gariépy et Anne Boisvert alors qu’en page 50, il la qualifie de Française !


(Histoire des Peuples Amérindiens, Tribus Algonquins, Région Mauricie, Village Watmachis (Yamachiche), p. 50)

L'abbé Létourneau n'était ni généalogiste, ni historien. On le le répétera jamais assez, lorsqu'on aborde la recherche historique et généalogique, il est important de connaître la nature des sources utilisées afin de pouvoir les interpréter. Il est surtout impératif ne pas se fier qu'aux sources secondaires et tertiaires et de vérifier toutes les données avec les sources primaires. 

dimanche 25 août 2013

Mythe 3 : Marguerite David, Indienne ?


Selon l’abbé Jean-Paul Létourneau, les descendants de Marguerite David sont des Indiens.

 

(Histoire des Peuples Amérindiens, Tribus Algonquins, Région Mauricie, Village Watmachis (Yamachiche), p. 44, 45)

Marguerite David, Indienne, épouse Joseph Lesot.  Le couple a une fille, prénommée Marguerite comme sa mère, qui épouse Joseph Cloutier, un Français. Ils ont une fille, Elisabeth, qui épouse Joseph Naud, français. De cette union est issu Joseph Naud, qui épouse Marie-Joseph Gariépy, fille de Joseph Gariépy, Français et Anne Boisvert, qui Létourneau qualifie d’Algonquine des Trois-Rivières.

Passons sur le fait que l’abbé Létourneau ne fait pas la différence entre un contrat de mariage (acte légal passé devant un notaire) et un acte de mariage tiré des registres de l’état civil.

Le mariage entre Joseph Lesot et Marguerite David a été célébré le 21 novembre 1689 (et non 1698, comme il est indiqué dans l’ouvrage de l’abbé Létourneau)


(familysearch.org, Québec, registre catholique de Château-Richer, 1661-1702, copie du Séminaire de Québec, p. 215)

Le vingt et unieme novembre de la dite année après la publication des trois bans de mariage
Faite au prones de la messe paroissiale d’entre Joseph Le Sot fils de Jaques Le Sot etde deffunte
Marthe Gagnon ses pere et mere de cette paroisse d’une part, et Marguerite David dille de
Deffunt Jaques David et de marie Grandery ses pere et mere de cette meme paroisse d’autre
Part ; et ne sétant découvert aucun empschement legitime je sousigné pretre chanoine de
Quebec deservant cette paroisse, leur y aydonné la benediction nuptiale en présence de Vincent
Gagnon, Noël gagnon, Pierre Asselin et Charles Roge, temoings.

Charles Amador Martin

Marguerite David a été baptisée le 2 novembre 1667 à Château-Richer.


(familysearch.org, Québec, registre catholique de La Nativité de Notre-Dame de Château-Richer, 1661-1702, copie du Séminaire de Québec, p. 48)

Ses parents, Jacques David dit Pontife et Marie Grandery se sont épousés à Château-Richer le 29 août 1682.


(familysearch.org, Québec, registre catholique de La Nativité de Notre-Dame de Château-Richer, 1661-1702, copie du Séminaire de Québec, p. 165)

Le Mardy vingt et unième jour du moys d août de l’année mil six cent
soixante deux après les fiançailles et la publication faite des bans de mariage
entre Jacques David matelot fils de Blaise David et Flavie Morel ses père et
mère de la paroisse de Braquemond éveché de Rouen et de Marie Grandry fille
de Claude Grandry et de Janne Toussain de la paroisse de St André des arts à
parys et ne s’étant trouvé aucun empeschement je sous signé curé de la
paroisse du Château rischer les ai marié selon la forme prescrite par leglisse
en presence de plusieurs personnes entre autre de Gabriel Gosselin et de Michel
Jeanot ( ?) et de Me Pilois qui ont témoigné ne savoir […] écrire et signer
J.B. Morel
Prtre

À moins qu’on découvre un jour que Braquemont (Seine-Maritime) et la ville de Paris aient abrité des communautés amérindiennes inconnues des historiens et des généalogistes, cet acte confirme la nationalité française de Marguerite David.

Nous verrons dans un prochain billet comment l’abbé Létourneau s’y est pris pour attribuer une identité Algonquine à Marie Boisvert.

lundi 19 août 2013

Aparté : Les deux Josephte Brissette

Une controverse s’est développée sur l’identité soi-disant amérindienne de Clémence Maillé, fille de Josephte Lamy dit Defond (et Brissette). Des descendants qui disent posséder une carte d’organisations dite métisses en Ontario la confondent avec une autre Josephte Brissette.  


Josephte Brissette, fille de Hippolyte Brissette et Archange L’Hirondelle, née le 5 janvier 1838 à Penetanguishene (co. Simcoe) en Ontario épouse Narcisse Myner le 20 avril 1852 à Penetanguishene (co. Simcoe).

Archange L’Hirondelle, fille de Jacques L’Hirondelle et Josephte Pilon, est née ves 1800 au Grand Lac des Esclaves (Territoire du Nord Ouest). C’est elle qui aurait une ascendance amérindienne. Elle n'est pas la mère de Clémence Maillé, et n’a aucun lien de parenté avec les suivants.

Clémence Maillé (Magny dans l’acte), fille de Jacques Maillé (ou Mailly) et de Josephte Desfond, a épousé Onésime Roy (Jean-Baptiste & Angèle Bourret) le 21 janvier 1845 St-Thomas-de-Joliette. Dans l’acte de mariage de sa fille, Josephte Desfond est appelée Josephte Brissette (nom de sa mère). Le couple Roy/Maillé s'est installé à Penetanguishene (co. Simcoe), en Ontario.


(Familysearch.org, Québec, Registres paroissiaux, St-Thomas-de-Joliette, image 187)

Clémence Maillé a été baptisée le 26 janvier 1825 à St-Paul-de-Joliette (parrain et marraine : Michel Maillé, Marie Adée Bary).

(Familysearch.org, Québec, Registres paroissiaux, St-Paul-de-Joliette, image 305)

Josephte Lamy dit Defond a été baptisée le 4 août 1795 à La Visitation-de-la-Sainte-Vierge de–l’Isle-Dupas. Ses parents : Louis Lamy dit Defond et Josephte Brisset dit Beaupré.



(Familysearch.org, Québec, Registres paroissiaux, La-Visitation-de-la Sainte-Vierge-de-L'Isle-Dupas, image 265)

Elle épouse Jacques Maillé le 15 janvier 1816 à St-Cuthbert.

(Familysearch.org, Québec, Registres paroissiaux, St-Cuthbert, image 206)

Louis Lamy dit Defond et Josephte Brisset se sont mariés le 24 octobre 1791 à La Visitation-de-la-Sainte-Vierge de–l’Isle-Dupas. 

(Familysearch.org, Québec, Registres paroissiaux, La-Visitation-de-la Sainte-Vierge-de-L'Isle-Dupas, images 248-249)

Aucune trace d’ascendance amérindienne pour cette famille.

(This article clears out the controversy over the presumed Native ancestry of Clémence Maillé, daughter of Jacques Maillé and Josephte Lamy dit Defond, who is called Josephte Brissette in the marriage record of her daughter. The records show that Josephte Brissette, daughter of Hippolyte Brissette and Archange L'Hirondelle, is NOT the mother of Clémence Maillé, nor is she related the Roy/Maillé family of Penetanguishene, co. Simcoe, in Ontario).